jeudi 22 juillet 2010

Diogène en burqa dans la société du contrôle d'identité

Augmenter. Fiction. Sa propre réalité. Suréelle. Mutabilité. Sans jamais être vu. Passion. Invisibilité. Des possibles. Surnaturé. Métamorphose. Errante. Sans jamais y répondre. Identitaire. Toute-puissance. Tout être. Regarder. Indétermination. Sans jamais être vu. Divine. Créer le besoin. Sans faire. Surnatuelle. Des autres. Avec. Sans jamais y répondre. Sécession. Pour. Surréaliste. Aller se faire voir. Ailleurs. Sans jamais être vu. Invisibilité du visible. Présence de l’absence. Regarder plus qu’être gardée. Envisager plus que dévisagée. N’être qu’un regard. Ne s’occuper que de naître. Chaque matin. En un clin d’œil. Sans ciller.


La burqa dépasse le sujet burqa. Elle n’est jamais là où l'on souhaiterait qu’elle soit. L’interprétation médiatique de la burqa est discours d’apparences. La burqa est une éclipse ionisant le réel. Le réel de l’angoisse des hommes de ne plus pouvoir bander dans l’espace public. Le réel du refoulé des femmes d’être traitées en sous-hommes par ceux-là mêmes qu’elles font bander et mettent au monde. La burqa agit ainsi comme révélateur de la merditude des choses. Lève le voile sur la catastrophe de l’humanité construite. Provoque prurit et zona. Chez certains, à l’entre-jambe avec l’angoisse de ne plus être un homme. Chez d’autres, à l’endroit du cortex frontal avec la honte d’être une femme.


La burqa pourrait bien être le plus grand coup de bourrin jamais asséné à l’ordre hétéro-patriarcal. La plus grande salve féministe du siècle en tant que puissance agissante sur la dimension politique du genre par son abstraction.



Si Diogène Laërce revenait, il porterait la burqa. Tenue de combat des nouvelles résistances cyniques. La burqa pour flinguer le contrôle d’identité des genres.





La burqa pour se branler devant les caméras de vidéosurveillance. La burqa pour conchier l’institution républicaine universaliste du tous égaux, en apparence. Le réel n’a qu’à se faire voir. La burqa relève ce défi.


Des Diogène en burqa. Les emburquées. Leur sécessionnisme met en péril l’unité de la Cité. Désolidarisation. Des individus contre l’unité politique. Leur parade dans la ville : un coup d’Etat contre le lien social. Diogène. Quelqu’un lui disait « Tout le monde se moque de toi ». Il répondit : « Et peut-être aussi les ânes se moquent-ils de ces gens-là, mais ils ne font pas attention aux ânes, et moi je ne fais pas attention à eux » (Diogène Laërce dans Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres).


Si le port de la burqa est symptôme de la honte d’être une femme, l’emburquée n’a pas la maladie. Le refoulement du réel.

Avec son accoutrement, l’emburquée claque et cartonne en tonneaux :

- affirmation de la dimension sacrée du corps des femmes et refus de sa pornification dans l’espace public pour entretenir l’état érectile de ces messieurs afin qu’ils puissent garder la tête haute

- revendication de la honte d’être une femme en tant que produit social et sexué s’affairant à entretenir l’état érectile de ces messieurs afin qu’ils puissent garder la tête haute et volonté de ne plus apparaître comme telle dans l’espace public

- affirmation d’une passion des possibles identitaires et refus de l’assignation de genre

- torpillage de la société du contrôle d’identité, de la vidéosurveillance, économie de l’attention, marchandise de spectacle, société de la parano pupille (cf. emburquées interdites d’embarquer à l’aéroport pour avoir refusé le passage par un scanner corporel).


Salve patriaburqale : cocorico la crête en débandade

Sans forme. Non-conforme. Anti-conformiste. La burqa est l’informe faible d'une lame de fond. Une resacralisation du corps des femmes. Une salve contre sa pornification dans l’espace public. Comme matériau à jouir.


Elles. Se doivent. D'être là. Offertes. Ouvertes. Ils. Passent. Ils. Inspectent les troupes. Toujours. Même avec une baguette sous le bras. Même en jogging basket. Elles. Sont toutes là. Pour les faire jouir. Toujours. Disposées à. Potentielles. Toutes les femmes. Quelles qu’elles soient. Pour ils. Elles. Se doivent d’être exposées. Sur-exposées. Expertisées. Mal-estimées. Toutes. Sous.

L’offuscation que provoque la burqa vient de l’angoisse de la disparition de la charge sexuelle du corps de femmes dans l’espace public. Cette angoisse a un sexe. Les hommes se définissent en tant qu’être bandant. La burqa neutralise le stimulus, le potentiel érotique des femmes.

Or un homme qui ne bande pas n’est plus un homme. La burqa revêt ainsi la menace ultime de la castration.

Crête en débandade. Du coq à l’asticot. Cocorico ! Il en dépend soudain des valeurs de la France. Incapable d’évaluer la marchandise sexuelle, l’homme frustré souligne alors le thème de l’oppression des femmes. De la déliquescence de la fraternité. Il dénonce la pratique barbare. L’entrave. L’outrage. La perte de liberté. Mais c’est de l’atteinte à sa propre liberté de jouir de toutes les femmes dans l’espace public qu’il aboie.


Dans la société obstétricale de la triple pénétration spectaculaire, le refus des apparences est asocial et sanctionné. Mais le réel n’est pas réductible à une image. S’y soustraire c’est violer la violence. Ainsi l’emburquée, épouvantail occidental de la liberté des femmes, torpille l’ordre hétéro-patriarcal. Qu’adviendrait-il si une majorité de femmes, décidait non pas de faire la grève du sexe dans le foyer comme dans la comédie d’Aristophane, mais la grève du sex appeal dans l’espace public ?

Il y aurait un début et une fin à ce délire des fausses identités. La burqa est une résistance à cette société foireuse construite sur l’angoisse des hommes. En un sens, l’emburquée pose un ultimatum à cette promiscuité. Elle préfère le réel aux apparences. Ce qui se démontre et ne se voit pas. Refus catégorique de l’accessible dans l’instantanée clarté. Elle est un premier geste de refus contre cette perforation mendiante. Et cette résistante opaque, contre-attaquante, c’est encore l’homme qui l’a inventée.


Salve femmaïeutique : cicciolina face à l’anti-matière du genre

Dans le discours des apparences, la burqa a un sexe, un genre. Sous la burqa, la femme, brimée. Erreur d’interprétation. Dans le réel, se pose la question : une femme qui porte la burqa est-elle encore une femme ? Les emburquées ne sont pas des femmes, comme les lesbiennes ne sont pas des femmes (Monique Wittig).

L’emburquée ne connaît pas la crise du shopping. L’emburquée n’est pas une bonne cliente. C’est un genre à part. Le genre qui refuse d’afficher une identité - sexuelle - en public. C’est là que le bas blesse la société du contrôle d’identité. Le système s’échine à produire des femmes et des hommes. L’emburquée a sa logique d’émancipation du genre. L’emburquée en est l’anti-matière. Le système s’échine à reproduire et conserver. La jeunesse. Les privilèges de classes. La burqa, elle, a du style. L’emburquée tend à disparaître de la circulation. Elle est le top du fluide contre l’érection.

Intéressants piaillements de femmes alter-proclamées libérées face à ce nouvel appareil. Elles ont Beauvoir, elles restent miro. Préfèrent les apparences au réel.

Circonspectes, elles regardent. Passer les emburquées. Maugréant. Les pauvres. Les opprimées. Elles. Sont tellement libérées. Elles. Ouvrent. Leur sac. En sortent un godemiché. Leur totem, leur tabou de l’infecte. Dard fêtard. La godriole juste pour. Au cas où. Se raviner la figue. Pour garder la forme. Même sans bio-popol, faut que ça s’auto-prennent pour dupes.

Mais l’ont-elle jamais fourré dans le fion d’un mec ce god’ ?

La burqa provoque chez les alter-proclamées libérées une crise de foie. Il était une fois dans la ville de Foix un marchand de foie qui se dit ma foi c’est la première fois que je vends du foie dans la ville de Foix. C’est le retour du refoulé. Beurk !!!! Ahhh !!! L’homophonie patente.


Elles s’étaient pourtant bien entubées au scandale quotidien de leur auto-déréliction . Sous-représentativité citoyenne. Sur-responsabilité domestique. Discrimination à l’embauche. Inégalité des salaires. Carrières incomplètes. Retraites partielles. Etc.



Ce qu'il y a de scandaleux dans le scandale, c'est qu'on s'y habitue.
Simone de Beauvoir




La burqa en cachant, montre.

Elle révèle la honte d'être une femme. Elle dévoile le scandale qu'on ne voit plus. Comme nous ne voyons plus les femmes tapiner. Reléguées au réseau. Péri-urbanité de la webcam.


La tapineuse de la venelle, rue vénielle pleine d’elles, n'existe plus.



L’emburquée est la scandaleuse du 21è. Elle révèle la jouissance féminine de la domination masculine. Les inégalités de sexe savamment banalisées. La burqa y remet une couche. Toutes les femmes meurent en couche. Elles finissent par penser comme elles vivent. Souillées en strate par leur fonction d’intendance. S’éteignant dans le foyer. S’ostracisant dans le conjugalisme.

L’emburquée s’habille de la honte d’être une femme. C’est en cela que s’offusquent les alter-proclamées libérées. Non par identification. Non par solidarité féminine. L’humiliation est leur tradition. Mais parce que les emburquées exacerbent le réel de la trahison des femmes par les femmes.

Devenir féministe c’est donc sortir du clan des femmes, objet social et sexuel inventé par les hommes pour les hommes.



L’objet voilant non identifié leur est insupportable car il souligne le topique du féminin. Nature désirant être désirée humiliée. Etre qui jouit de la soumission aux règles. Des hommes. La burqa est ce maïeutique miroir qui renvoie aux femmes non pas ce qu’elles pensent être devenues mais ce qu’elles sont devenues.

Poupées fardées prêtes-à-porter la trique au zénith.













Plus qu’une offense faite à la liberté d’expression, la loi interdisant le port du voile intégral est une défense suite au torpillage cible atteinte de la société du contrôle d’identité par cette pratique textile. Il y aura eu un stade carnavalesque de la dissidence féministe secrète. Stade intermédiaire de la métamorphose visant à faire fuir le mauvais esprit du capitalisme (accumulation capitaliste du désespoir) en en appelant à ses propres démons. La liberté. La liberté. La liberté.

Dans la multitude de pseudo tchats et de com’s anonymes. Dans une seconde vie. Elles se tiennent là. Debout. Les avatars du réel alité. Elles avancent. Vers moi. Me prennent. A tour de bras. Me parlent. Comme à toutes les femmes. Me disent. Il peut être amusant de trahir son sexe. En patriarcalisant. En allaitant. En maternant. Alors femme tu as raison d’être outrée par celle qui se pare de burqa. Car l’emburquée, c’est toi. Et tout ce que tu n’es pas.

Mais si un jour phlame tu deviens. Tu passeras ton chemin. En rugissant intime. Non domestiquée. Hors foyer. Pensée migrante. Vertu joyeuse. Ta plussoyance dilatera l’espace et le temps. Et le sacré du féminin. Matrice de la création. Annoncera. Le. Nouveau. B.I.G. B.A.N.G.